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18 novembre 2012

Euh… dans l'« Oh… »


Djian n’a jamais rien raconté d’extraordinaire, c’était la manière dont il racontait qui était extraordinaire. Ses vrais fans, ceux de la première heure, ne s’attachaient qu’à son écriture, qu’à son style, qu’à sa musique. Et si par le passé il balançait un rock plutôt heavy, il crachote depuis sa période post-Barrault une variète tiédasse. C’est sa stratégie pour séduire une certaine critique qui le vomissait dans les années 1980 et qui, grâce à ce retournement de veste, l’encense aujourd’hui. Les ex-groupies, dont je suis, encaissent difficilement. Et se désespèrent de le voir se fendre, lui aussi, de son porno pour « manman », qui pourrait s’intituler Cinquante nuances d’ennui. La manman en question, caricature de bobo – presque un pléonasme –, dirige une boîte de prod à Paris et aime trop se faire violer par son voisin, les jours où elle ne couche pas avec le mari de sa meilleure amie. Hyper hype, voyez ? Les personnages, l’histoire et les situations sont tous plus ridicules les uns que les autres, et tout s’embrouille de manière à ce que le lecteur ne se rende pas compte de la supercherie. Raté. On n’est pas dupe. Non seulement Djian n’a plus rien à dire, mais il le dit mal. Les histoires de quéquette de cette productrice sentent la naphtaline, quand ce n’est pas le bromure. Les problèmes de couple de son grand gland fils nous en touchent une sans faire bouger l’autre. Et le passé de mass killer de son père tombe comme un poil de cul dans la soupe. Quel gâchis ! Quel dommage ! Philippe, reviens ! Décidément, avec tout ce qu’elle nous a proposé en la matière, la rentrée se la joue vraiment petite bite. Seul point positif, ça donne furieusement envie de relire Sade.
(Article paru dans Service littéraire en novembre 2012)

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